L’irrésistible ascension d’Alain Vankenhove passe par ce disque, qui offre enfin la possibilité d’écouter et de réécouter un quartette fondé en 2006, et qui a donc su attendre une certaine maturité pour nous livrer son premier opus.
On aime cette musique qui circule entre rêveries de la matière liquide et front brûlant du ciment, de la pierre, et d’une résistance qu’on dit aujourd’hui « urbaine ».
Trompettiste et bugliste plus orienté vers une manière qui rappellerait davantage Kenny Wheeler ou Dave Douglas que Miles Davis – voilà pour écarter une référence trop souvent obligée – Vankenhove plane volontiers au-dessus de sa superbe rythmique, profitant de ce qu’elle tourne superbement entre rythmes décalés et superposés à plaisir, et infinitésimales petites touches colorées.
On pense à ce qui nous est venu parfois du nord de l’Europe dans le genre, on se laisse porter par la double exigence de l’urgence et de la paresse, en attendant des jours meilleurs pour prendre la décision d’intervenir. Une des fonctions de l’art, de poser des questions, d’y apporter des réponses qui ne valent que pour un seul, et pour un jour.
Inutile de souligner la convergence des quatre instrumentistes ici en jeu, dont on sait qu’ils sont aujourd’hui à la croisée de presque tout ce qui se fait en France en matière de jazz inventif.
Philippe Méziat
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